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ProTools 11, test complet par Benoît Stefani, ingénieur du son, expert et formateur ProTools

Benoît Stefani est ingénieur du son, expert et formateur Pro Tools. Il propose ici un test complet de Pro Tools 11.

 

 

Un an après la sortie de Pro Tools 10 qui introduisait notamment les nouvelles cartes de traitement DSP HDX et le format de plug-in AAX, Avid poursuit sa politique de grands travaux et achève enfin sa mutation vers le 64 bits.
Au menu donc, un nombre limité de nouvelles fonctions, mais plus de rapidité et d’efficacité pour ce logiciel créé il y a plus de vingt ans (une éternité en informatique !) et qui reprend aujourd’hui un sacré coup de jeune …

 

BOUNCE OFF-LINE

Parmi les nouveautés les plus attendues des utilisateurs de Pro Tools figure le Bounce Off-Line.
Jusqu’à présent, cette opération qui consiste à réduire en un seul fichier, un ensemble de pistes mixées contenant l’automation et tous les traitements, s’effectuait dans Pro Tools obligatoirement en temps-réel, alors que sur la plupart des logiciels audio y compris Garage-Band, le processus était souvent bien plus rapide…
Avid, jusqu’à présent pénalisé par d’anciennes technologies utilisées sur les cartes DSP, comble enfin son retard dans cette version 11 où les temps de rendu du fichier final peuvent être jusqu’à 150 fois plus rapides que le temps-réel.
Evidemment, en fonction du nombre de pistes, de la complexité de la Session et de la puissance de l’ordinateur utilisé, la vitesse du bounce varie grandement et peut parfois tomber à 3 ou 4 fois la vitesse nominale.
Par contre, pour les Sessions simples ne contenant que quelques pistes, type production radio ou podcast (une piste voix et deux ou trois pistes musique par exemple), le gain de temps est vraiment spectaculaire.
J’ai ainsi pu finaliser le mixage d’une conférence de deux heures en une quarantaine de secondes !

 

 

64 BIT EFFICACES ET NOUVEAU MOTEUR AUDIO

A chaque nouvelle version d’un logiciel, il y a toujours un bilan à dresser entre ce que l’on gagne et ce que l’on perd par rapport à sa propre configuration matérielle et logicielle.
Dans le cas de Pro Tools 11, on bénéficie d’un logiciel refondu en 64 bits.
Première conséquence, la barrière des 4 Go de RAM tombe, ce qui fluidifie grandement l’utilisation d’instruments virtuels souvent gloutons en mémoire vive, et aussi l’affichage des séquences vidéo, même au travers d’un réseau.
D’autre part, Avid a modernisé le moteur audio de Pro Tools. Le bon vieux DAE fait place à un AAE (Avid Audio Engine) entièrement repensé.
 

AAX-icono-760x760Optimisé pour l’architecture multicore des processeurs modernes, le AAE sait répartir la charge de calcul sur chacun des cœurs embarqués, là où l’utilisateur devait auparavant intervenir manuellement et choisir le nombre de processeurs alloué à Pro Tools. On gagne ainsi en simplicité mais aussi en efficacité.
Quelques essais mettent rapidement en évidence que le nouvel AAE (Avid Audio Engine) de Pro Tools 11, secondé par le nouveau format de plug-in AAX et son mode de gestion dynamique des plug-ins, peuvent faire baisser la consommation en ressources processeurs si l’on compare une même Session ouverte sous Pro Tools 10, puis sous Pro Tools 11. Les différences atteignent entre 20 et 50 % selon les cas.
Une fois n’est pas coutume, la nouvelle version permet avec le même ordinateur de travailler avec plus de pistes et d’insérer plus de plug-ins. Très appréciable ! Toujours au chapitre des bonnes nouvelles, la latence que l’on perçoit sur chaque piste armée pour l’enregistrement est sensiblement réduite grâce à un buffer spécial, logiquement appelé “low latency input buffer”. L’enregistrement est du coup beaucoup plus confortable sur les systèmes natifs où l’on devait auparavant très souvent changer la latence suivant qu’on se trouvait en situation d’enregistrement ou de mixage…
 

MEILLEURE GESTION DE LA VIDÉO

En matière de lecture de séquence vidéo, Pro Tools se montrait jusqu’ici un peu limité sur les formats acceptés voire parfois capricieux dans leur prise en charge. Il bénéficie enfin du savoir faire Avid puisqu’il intègre désormais le moteur de lecture vidéo de Media Composer.
Du coup, un projet Avid MXF ou AAF en provenance de Media Composer s’ouvre directement dans la TimeLine sans transcodage, facilitant ainsi grandement les workflows à l’intérieur du microcosme Avid. Dans le même temps, la gamme de formats vidéo HD supportée s’élargit, et la qualité de lecture progresse.
 

 

Outre les codecs Avid HD tels que le DNxHD, Pro Tools 11 prend également en charge les codecs QuickTime couramment utilisés par les utilisateurs de Final Cut Pro comme le ProRes ou le H.264.
Pour l’affichage sur moniteur HD, on trouve parmi les périphériques vidéo compatibles, les interfaces Avid Nitris DX et Mojo DX, mais également des modèles PCIe et Thunderbolt proposés par des constructeurs tiers tels que AJA avec sa gamme Kona ou encore BlackMagic Design et ses produits DeckLink.
Enfin, comme le Bounce Audio, la fonction Bounce to QuickTime Video profite du mode Off-Line plus rapide que le temps-réel.
Le fichier vidéo incluant le mix, voire plusieurs premix, peut en outre être converti dans un format vidéo différent de l’original. C’est bien pratique pour, par exemple, faire valider un mix à distance à un réalisateur dont la machine ne saura pas nécessairement lire le codec utilisé, ou tout simplement pour obtenir un fichier plus léger…
 

 

 

VUMÉTRIE PLUS COMPLÈTE

Pro Tools progresse également dans une multitude de domaines…
Les indicateurs de niveau, jusqu’alors moins agréables que les Vu/Peak mètres dédiés ont été améliorés, et offrent une meilleure lisibilité, surtout sur les écrans LCD modernes type Rétina. Légèrement plus hauts, plus réactifs et bénéficiant d’une définition HD, ces nouveaux afficheurs peuvent apparaître sur la fenêtre de transport et proposent plusieurs modes.
Outre l’affichage standard appelé ici Pro Tools Classic, sont proposés les modes Sample peak, Venue Peak, et Venue RMS, directement issus des consoles de sono du constructeur.

 

 

 

 

 

 

 

Pro Tools 11 HD va plus loin en proposant un choix de 17 standards : Linear et Linear Extended, RMS, VU et Digital VU, plusieurs types de PPM incluant BBC, Nordic, EBU, et DIN pour les mixeurs broadcast, ainsi que le PPM Digital directement issu des consoles Avid/Euphonix System 5.
Il y a également trois échelles de mesure K, particulièrement adaptées pour la musique, la postproduction et le mastering.
La possibilité de différencier dans les préférences un standard de mesure pour les pistes, et un autre pour les Master, est intéressante.
Il manque toutefois la possibilité d’analyser le Loudness. Les mixeurs devant se conformer aux normes broadcast continueront donc de faire appel à un outil externe ou à un plug-in proposant les mesures EBU R-128 comme le Pro Limiter chez Avid, l’Analyzer chez Flux ou le VisLM chez NuGen.
Pro Tools HD 11 se distingue également de la version standard en proposant d’afficher sur chaque voie, la réduction de gain opérée par les processeurs de dynamique éventuellement insérés.
 

WORKSPACE ETC…

Dans la fenêtre de mixage, une multitude de commande globales et de raccourcis font leur apparition et permettent aux mixeurs de gagner du temps et d’avoir plus de recul sur travail. On pourra par exemple désactiver tous les égaliseurs, tous les processeurs de dynamique, ou encore choisir de bypasser les cinq premiers inserts etc…
Toujours dans la partie console, les Départs Aux bénéficient maintenant d’une compensation de délai automatique intégrale. Fonctionnalité attendue des mixeurs film et broadcast, Pro Tools 11 est maintenant capable d’écrire l’automation pendant l’enregistrement, permettant ainsi de gagner un temps précieux pendant les séances de mix et de premix.
 

Workspace-PT-11-760x432

Optimisation aussi du côté de la gestion de fichier puisque le nouveau workspace 64 bits remplace avantageusement les anciens, afin de permettre une navigation plus rapide, aussi bien parmi les fichiers de la session que dans les catalogues composant la sonothèque.
L’ergonomie reste à mon sens encore perfectible, comparé au Finder d’Apple par exemple, mais il faut reconnaître que recherches et pré-écoute ont gagné en rapidité.
 

 LE PRIX DE LA TRANSITION

Le logiciel Pro Tools 11 standard est facturé 677€ TTC, la mise à niveau Pro Tools 10 vers Pro Tools 11 : 284€ TTC, la mise à niveau Pro Tools HD 10 vers Pro Tools HD 11 : 570€ TTC.
Par contre, le Complete Production ToolKit qui permettait de travailler en multicanal avec l’interface audio de son choix ayant été supprimé, il faudra obligatoirement acquérir Pro Tools HD 11 pour travailler en Surround.
Il existe cependant une mise à niveau Complete Production ToolKit vers Pro Tools HD 11 facturée 999 $ soit 735 €.
Le logiciel Pro Tools HD 11 n’étant pas vendu seul, Avid pousse donc les utilisateurs professionnels évoluant en environnement Surround à utiliser le hardware de la marque, soit au minimum, une interface HD Omni complétée par une carte PCIe HD Native ou un boitier Thunderbolt, ce qui porte le ticket d’entrée autour de 4500 Euros TTC.

AVANT DE SE LANCER…

Il ne faut pas oublier que Pro Tools 11 ne fonctionne que sur un OS 64 bits, donc Mac OSX 10.8 (Mountain Lion ou supérieur) pour Mac OSX, et Windows 7 ou 8 pour PC.
De plus, cette version n’est plus compatible RTAS ni TDM, et n’accepte que les plug-ins 64 bits à la norme AAX ou AAX DSP.
Les développeurs indépendants ont majoritairement choisi de supporter le nouveau format Avid à quelques exceptions près (Waves ne supporte que AAX Native, GForce fait pour l’instant l’impasse sur l’AAX).
Il y a également quelques retardataires comme Native Instrument (Kontakt, Battery, Reaktor, Absynth) pour la musique qui a attendu fin Octobre 2013 pour proposer ses mises à jour ou encore AudioEase (Altiverb, SpeakerPhone), que les pros de la postproduction attendent.
Heureusement, afin de faciliter la transition entre Pro Tools 11 et 10, les développeurs chez Avid ont fait en sorte que les deux versions puissent co-exister sur le même système, au prix d’un stockage un peu anarchique : entre les versions 10 et 11 et leurs plug-ins respectifs, on s’y perd un peu parfois… Heureusement, le format de Session parfaitement identique, permet par exemple de commencer un travail sous Pro Tools 11 puis de le poursuivre sous Pro Tools 10 sans aucune manipulation particulière ni perte d’information.
La version 11 n’est pas trop exigeante concernant la puissance des ordinateurs, une machine à base d’Intel Core duo 2 pouvant faire l’affaire à condition de la doter de 4 Go, voire 8 Go de Ram minimum pour pouvoir lire une vidéo.
Avant de vous lancer, il est prudent de se documenter sur le hardware compatible avec Pro Tools 11, Pro Tools HD 11, et de consulter la liste les ordinateurs officiellement supportés.
Pensez enfin à acquérir une iLok2 indispensable pour charger Pro Tools 11.

Benoît Stefani © Video Design 2013

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