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Pourquoi défendre notre exception culturelle?

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Ci-dessus, Bérénice Bejo lit « Sacrifier les pions », la lettre de Wim Wenders, réalisateur, producteur, scénariste de cinéma et photographe allemand.
Si vous n’avez pas du tout suivi le débat, vous ne savez peut-être même pas ce qu’est cette exception culturelle dont on vous parle.
L’exception culturelle française est « un dispositif combinant subventions, quotas et allégements fiscaux pour soutenir le cinéma, la télévision et la musique. »
L’exception française est « un outil positif, pensé pour préserver une niche qui puisse accueillir certains produits culturels français. »
L’exception culturelle « entend simplement faire en sorte que la culture française obtienne elle aussi des financements. »

Sauf qu’en ce moment même, il est question de faire disparaitre cette exception culturelle pour inclure le secteur de l’audiovisuel dans le projet d’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe.
C’est un coup dur et grave puisque le cinéma français et les services audiovisuels seraient vendus comme « les lampes, les voitures et les boulons » entre l’Europe et les Etats-Unis… Cette manière de marchander l’industrie du cinéma parait complètement insensée.


Mercredi dernier, nous vous annoncions qu’une délégation de cinéastes s’apprêtait à rencontrer le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Le but de la manoeuvre, faire comprendre quelle grave erreur ce serait que de faire disparaitre l’exception culturelle.
Bérénice Bejo, Lucas Belvaux (Belge), Costa Gavras (Français), Dariusz Jablonski (Polonais), Daniele Luchetti (Italien), ainsi que les Roumains Radu Mihaileanu et Cristian Mungiu, faisaient partie du cortège.
Cette délégation portait les voix des 7 000 réalisateurs et professionnels du cinéma, tous signataires de la pétition lancée par les frères Dardenne.
A son arrivée, Bérénice Bejo avait déclaré « Je suis ici parce que je suis inquiète. Il faut préserver notre système de régulation. Je ne dis pas ça contre les Américains, on a besoin de toutes les cultures. Au départ, The Artist était un petit film. Personne ne pariait dessus. On sait ce qu’il est devenu. Quand on l’a présenté aux Américains, ils nous ont dit : on n’aurait pas pu faire ce film. Les Etats-Unis regardent beaucoup ce qui se passe en Europe ».

Bilan des courses, José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, a campé sur ses positions et, en moins d’une heure, il déclarait que les cinéastes manifestaient une « ultra-sensibilité » sur ce dossier.
Voilà qui est plaisant…
A la sortie de l’entrevue, Lucas Belvaux, réalisateur de « Rapt », déclarait que « Son goût (celui de Barroso) pour la culture est quand-même contrebalancé par sa décision de mettre dans les négociations de libre-échange l’audiovisuel et le cinéma. Il nous a accusés un peu de paranoïa. Cet homme n’est peut-être pas de si bonne foi que ça ».
Ce jour là, des professionnels, en provenance de 16 pays d’Europe, ont fait le déplacement pour exprimer, avec intelligence, les risques de voir disparaitre une culture importante et ils ont eu le sentiment de ne pas être entendus.
« M. Barroso nous prend pour des sentimentaux qui n’ont rien compris ! » proteste Radu Mihaileanu.
« Pourquoi un président de Commission en fin de mandat décide de se lancer dans un tel chantier, en imposant un calendrier serré? Sans doute veut-il quitter la Commission en montrant sa bonne volonté aux Etats-Unis. Il aurait des visées sur le poste de secrétaire général de l’ONU. Tout le monde le sait ».

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Un article très intéressant en complément.

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