Actualités | After Effects CS 6, testé par Stéphane Prince & James Simon

After Effects CS 6, testé par Stéphane Prince & James Simon

After Effects CS6

Cette version nouvelle d’After Effects correspond à une avancée majeure du logiciel, dans plusieurs directions : d’abord la performance avec l’utilisation extensive de la mémoire cache et des cartes graphiques. La 3D ensuite, avec l’apparition de véritables volumes et d’un tracker 3D intégré.  

 

Cache-cache – pour une timeline temps réel

Apparue timidement il y quelques versions, la mémoire cache fait un retour en fanfare avec cette version CS6, permettant d’accélérer la réactivité du travail en gardant en mémoire les calculs déjà effectués. Misant sur la vélocité des disques SSD et des interfaces internes autant qu’externes (USB 3, thunderbolt, etc.), After Effects CS6 propose, et exige presque, d’allouer dans ses préférences quelques dizaines de Giga Octets (il ne semble pas y avoir de limite) à cette mémoire dynamique.
Pour optimiser les temps d’accès, il est évidemment conseillé d’utiliser un disque différent des disques médias. After Effects y stockera les rendus de chaque calque et celles des compositions. Et contrairement à ce qui se passait auparavant, le cache ne se vide pas, à moins qu’on ne le décide. Première conséquence, quand on rouvre un projet que l’on a quitté la veille pour un repos bien mérité, de nombreuses données n’ont pas à être recalculées. Elles sont simplement transférées du disque à la mémoire vive, d’ou une lecture quasi immédiate. Autre avantage, une modification sur un paramètre n’entraine un nouveau calcul que sur le calque concerné, puisque les autres sont stockés en cache.
Il y bien sur une limite, c’est celle de la 3D pour laquelle les calculs font intervenir d’autres calques (caméras, lumières, etc.). On peut visualiser dans la timeline les calques rendus dans le cache (ils sont surmontés d’une petite ligne bleue), et ceux qui résident dans la mémoire vive (la c’est une ligne verte). Il y a même la possibilité de lancer des rendus de compositions dans le cache en tâche de fond pendant que l’on travaille avec une autre composition !
Autant dire qu’il va falloir investir dans des disques SSD pour accélérer les temps d’accès, car on imagine qu’en l’absence d’un gestionnaire précis de ces caches, on voudra les garder au maximum avant de faire le ménage, y compris sur plusieurs projets en même temps.

 

Une interface inchangée pour After Effects CS6, référence de l’habillage et des effets spéciaux

Tracking 3D – caméra virtuelle

Autre grande nouveauté de cette version CS6, le tout nouveau tracker 3D intégré est d’une simplicité épatante. Rappelons qu’à la différence d’un tracker 2D qui piste le mouvement d’une zone de l’image, un tracker 3D reconstitue celui de la caméra d’une prise de vue réelle pour que l’on puisse y intégrer des éléments.
Dans After Effects, il suffit de cliquer le bouton «approche caméra» dans le panneau Suivi, pour qu’un effet apparaisse sur le calque à pister et que commence une analyse de la vidéo, automatique et en tâche de fond. On peut aider le travail en précisant si la caméra est sur un pied, ou bien si la focale change, ou même entrer une valeur de zoom. Mais dans l’ensemble, l’effet, comme le stabilisateur de la version précédente, fonctionnent bien en automatique. Le « suivi de caméra 3D » – c’est son nom –  place lui-même une kyrielle de points de tracking dans l’image, dont la quantité peut être augmentée en cochant la case « analyse détaillée ».
La suite est un jeu d’enfant. L’effet crée une caméra qui reproduit le mouvement de la vraie, et on n’a plus qu’à choisir le ou les points de tracking adéquats pour que se créent des objets nuls, des solides, ou des surfaces destinées à recevoir des ombres. L’interface est extrêmement intuitive et simplifiée par rapport aux grosses machines que sont les trackers 3D habituels (Boujou, PFtrack…). Du coup les spécialistes regretteront quelques lacunes : on ne peut pas définir des axes, ni un sol, de même qu’on ne peut pas visualiser le nuage des points de track en 3D. Seule leur grosseur indique leur distance relative à la caméra. Reste que dans bien des cas, ce tracker intégré suffira nettement à la tâche.

Ray tracing – reflets, extrusions…

Il s’agit d’un nouveau moteur de rendu 3D proposé comme alternative au moteur 3D classique, et répondant au nom fleuri de « lancer de rayon » – certains reconnaitront ici une judicieuse traduction de «ray tracing» – Grâce à lui, les calques peuvent par exemple se réfléchir les uns dans les autres, ce qui était totalement impossible jusqu’ici. Une image, HDRI de préférence, peut être désignée comme «calque d’environnement» et se refléter dans les surfaces, comme dans tout logiciel de 3D qui se respecte. Un nouveau paramètre de transparence accompagné d’un indice de réfraction permet aussi de gérer beaucoup plus finement qu’avec l’opacité les semi-transparences des calques.
Mais la grande innovation de ce « lancer de rayon » est assurément la possibilité de créer de véritables volumes par extrusion des calques de forme ou de texte. On définit la longueur d’extrusion, l’épaisseur du biseau, son type (rond ou droit), les couleurs des faces arrière et avant, des cotés et des biseaux… et l’on peut tourner autour de ce véritable objet 3D avec une caméra, générer des ombres, etc.

Les autres calques (hors textes et calques de forme donc) peuvent être tordus jusqu’au demi-cercle pour -par exemple- servir de fond à un panoramique 3D. En contre-partie, les calques extrudés ou tordus se verront interdire masques, effets et modes de fusion… ces limites bien gênantes devront être contournées en attendant une version plus aboutie de ce point de vue. Quoiqu’il en soit, il s’agit bien d’une refonte totale de la gestion de la 3D que les utilisateurs d’After Effects réclamaient à corps et à cris depuis des lustres.
Le revers de la médaille concerne les calculs. Adobe a en effet misé sur la technologie CUDA développée par Nvidia pour les accélérer, et pour l’instant les autres marques ne sont pas concernées. Et même si une qualité de prévisualisation « Ebauche Rapide » a été prévue pour permettre aux laissés pour compte de travailler sans s’arracher les cheveux, cette option est trop pauvre pour donner une idée claire des projets.
Quant aux temps de calculs finaux, ils s’avèrent assez rédhibitoires en l’absence de carte, voire impossibles. A titre d’exemple, ces temps sont divisés par 10 dans le cas d’une carte Nvidia GTX 285, par rapport à une carte ATI (non supportée).

After Effects permet enfin de créer des typos avec une épaisseur (extrusion) 3D !

 

Affichage des compositions 3D 

Toujours dans le registre de la 3D, on notera une grande amélioration dans l’affichage des compositions 3D imbriquées. Dans les versions précédentes, une telle composition était représentée par un seul contour de calque, plat comme une limande. Désormais, non seulement celle-ci s’affiche en 3 dimensions, à l’intérieur d’un parallélépipède, mais chacun des calques qu’elle contient est représenté dans l’espace sous forme de pointillés.
On y gagne énormément en lisibilité et en ergonomie. Au passage, l’affichage des contours des calques 2D a lui aussi été revu, de façon à ce qu’ils ne disparaissent pas de manière intempestive comme cela se produisait dans certaines circonstances.

 

Illustrator et After Effects

Pour faciliter la création des calques de formes, candidats aux extrusions, Adobe a renforcé le lien entre After Effects et Illustrator. Dans les versions précédentes, il fallait passer par un copier/coller pour transformer un tracé Illustrator en masque ou en calque de forme, avec toutes les limites que cette méthode comportait.
Dans la CS6, il suffit de demander «créer des formes à partir du calque vectoriel» pour retrouver les tracés, les transparences, les modes de fusion, etc.

 

Contour progressif, outil plume

Lors d’une prise de vue, un objet en mouvement génère un flou de bouger dans la direction de ce mouvement. Or dans After Effects, quand on fabriquait un masque pour détourer un tel objet, le dégradé de transparence du masque, appelé contour progressif, était uniforme sur l’ensemble – ce qui n’était pas sans causer quelques tracas.
La version CS6 se dote d’un nouvel outil en forme de plume qui positionne des points de manière à créer un double tracé de part et d’autre du masque définissant un dégradé de transparence modulable. L’animation de ces points se gère avec le paramètre tracé de masque comme ceux du masque lui même.
Seul bémol, on se retrouve en français avec le même mot pour désigner 2 outils différents, celui qui place les points de masque, et celui qui s’occupe des points de contours progressifs.

 

Contour progressif ajustable pour les masques !

De nombreux détails et des améliorations subtiles

Les utilisateurs de Final Cut Pro et Avid salueront les imports XML et AAF, qui permettent de retrouver un montage à l’intérieur d’After Effects, via une fonction «Pro import After Effects» – mais avec les limites que ce genre de passage supposent.

Un nouvel effet corrige les distorsions dues au «rolling shutter», défaut bien connu des utilisateurs d’appareils photo munis de grands capteurs comme le célèbre 5D de Canon.

La fenêtre Suivi est réorganisée et l’on retrouve tous les tracking, y compris la stabilisation classique qui avait disparu.

Les effets sont réunis dans un nombre plus limité de dossiers, notamment  les cycoreFX, qui se retrouvent dans les mêmes dossiers que les autres. Ces derniers passent en version HD (qui était payante), c’est à dire compatibles 16 et parfois 32 bits. Ils grossissent de quelques nouveaux effets, d’un intérêt quand même assez limité.

Et pour finir, un raccourci sert désormais à attribuer à la fois un lien de parenté et les coordonnées du parent à un calque. Les connaisseurs apprécieront !

 

After Effects CS6 est sans aucun doute une version majeure. Non seulement apporte-t-elle une quantité impressionnante d’améliorations à un logiciel déjà très versatile, mais elle ouvre aussi les portes vers de nouvelles horizons : d’un côté des performances accrues grâce à de nouvelles cartes graphiques couplées à des disques durs très rapides. De l’autre, une capacité de générer et d’accueillir les images 3D avec un maximum de contrôle sur les rendus. Vivement la suite !

 

Stéphane Prince & James Simon
Article écrit à l’origine et publié dans le magazine Sonovision.
Tous droits de reproduction interdits

 

[dividerPRIX ET DISPO

Editeur Adobe France  www.adobe.fr

Disponibilité  Immédiate

Tarif  Mise à jour à partir de 209 Euros. La CS6 introduit la location des logiciels de la CS6. After Effects peut être loué à partir de  61,49 Euros TTC par mois.

 

 

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